6 questions pour connaître Madalena Valencia, lauréate de Septentrionales 2025

La résidence artistique Septentrionales, organisée par les Instituts français des pays nordiques, débutera en août. Voici 6 questions pour connaître Madalena Valencia, lauréate de l’édition 2025, qui commencera bientôt son voyage à travers les pays nordiques !

1. Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Madalena, je suis réalisatrice et scénariste, de nationalité américaine. J’ai grandi dans une famille de circassien.ne.s itinérant.e.s, dont les tournées en Amérique du Sud, du Nord, puis en Europe, m’ont amenée à m’installer en France à l’âge de douze ans. Je me suis formée aux études théâtrales et aux lettres modernes, avant de me consacrer, durant un an, à la composition d’un album de musique électroacoustique en duo. J’ai découvert le cinéma durant un master de recherche à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, puis je suis entrée à La Fémis, dans le département réalisation, dont je
suis diplômée depuis juin 2024.

2. Quelle est votre image des pays nordiques ?

Durant mon enfance j’ai passé plusieurs années à parcourir en long et en large, la Finlande, la Suède et le Danemark, trois des quatre pays qui accueillent la résidence Septentrionales. Quand je pense à ces pays, des mots au hasard me viennent, comme «kirpputori» (brocante en finnois), «pegnar» (l’argent en suédois), «hest» (cheval en danois); j’ai dans la tête des lacs, des piscines municipales, des sauna, des terrains de cirque verdoyants… Mon image
des pays nordiques est donc faite de souvenirs, d’impressions et de sensations qui se mêlent aujourd’hui aux représentations de ces pays par les cinéastes Ruben Ostlund, Roy Anderson, Aki Kaurismäki et Joachim Trier que j’admire.

3. D’où tirez-vous l’inspiration lorsque vous créez ?

Je crois que ce qui me touche le plus ce sont les choses et les êtres qui ne sont pas tout à fait à leur place. Dans mes films j’explore souvent des univers cosmopolites et polyglottes. J’aime chercher à rendre compte du prisme de celles et ceux qui sont en mouvement, qui se retrouvent volontairement ou involontairement dans un ailleurs. L’absence de langue commune me laisse la place de développer la part sensorielle de nos existences, les toutes
petites choses, les regards, les relations éphémères. Les sentiments qu’on peine à définir ou à communiquer et leurs conséquences intimes se trouvent au cœur de mes récits.

4. Qu’est-ce qui vous a motivée à candidater ?

À la fin de mes études à La Fémis, j’ai amorcé l’écriture d’un long-métrage, fortement inspiré de mon enfance dans les territoires nordiques. Le projet s’intitule Things that fall (c’est-à-dire Les choses qui tombent), et raconte l’éclatement d’une famille de circassiens, l’été, lors d’une tournée de cirque en Laponie. Quand je suis tombée sur cette résidence, tout à coup, l’idée qui m’habite depuis longtemps, qui me paraissait irréaliste, trop belle pour être vraie;
celle de poursuivre l’écriture en immersion, de retourner dans ces pays pour retrouver, à l’âge adulte, une forme de vie en itinérance que j’ai perdue et qui me manque, est devenue, non plus un rêve, mais une chose qui pouvait se réaliser; une expérience à provoquer.

5. Quelles sont vos attentes pour la résidence ?

J’aimerais poursuivre l’écriture de mon scénario de long-métrage, en menant une recherche artistique à la fois audiovisuelle et littéraire autour de ses thèmes : l’itinérance, le foyer et l’expérience du corps vécu au féminin. J’imagine Septentrionales comme la possibilité rare et précieuse, de réactualiser mes souvenirs, de charger mon projet de pensées nouvelles,
d’images et de sons, récoltés au fil des jours.

6. Au-delà de la pratique artistique, qu’aimez-vous faire ?

Quand je n’écris et que je ne tourne pas mes films, ce que j’aime c’est lire, écouter de la musique, faire du crochet, danser, aller au cinéma, au théâtre, dans des parcs et jardins, pour rencontrer d’autres prismes, d’autres pensées, d’autres représentations du monde.